CHRONIQUES, incubateur des imaginaires numériques, met à l’honneur l’artiste Boris Labbé à l’espace culturel départemental – 21 bis, Mirabeau et au Musée des Tapisseries d’Aix-en-Provence. Ce diptyque monographique illustre la richesse de son parcours artistique : de l’animation à l’installation vidéo, en passant par la scénographie et le mapping vidéo. 

L’infini turbulent, titre emprunté à Michaux mais ô combien évocateur pour éprouver le travail de Boris Labbé, rassemble un peu plus de dix ans de pratique et d’expérimentations audiovisuelles de l’artiste.

Combinant l’utilisation des techniques numériques de l’image en mouvement et celles particulières au cinéma d’animation, les films et installations présentées forment un langage original et bouillonnant ; un univers en (re)construction perpétuelle portant en lui-même l’éventualité d’une possible disparition.

Pour son exposition à l’espace culturel départemental – 21, bis Mirabeau, Boris Labbé propose un parcours qui présente deux de ses premières œuvres d’animation, Il(s) tourne(nt) en rond (2010) et Kyrielle (2011). Ces œuvres de “jeunesse” révèlent les thématiques et obsessions de l’auteur, développées par la suite : le goût pour la peinture des primitifs flamands mais également une filiation à peine dissimulée avec des classiques du cinéma d’animation expérimental, l’envahissement de l’espace par les personnages, la métamorphose, une narration en boucle. 

Dans la galerie gothique du Musée des Tapisseries, Boris Labbé propose une recréation du travail de scénographie réalisé pour le chorégraphe Angelin Preljocaj en 2020 : Le Lac des Cygnes. L’installation vidéo, réagencée, retravaillée, re-sonorisée, ne garde du titre original que la première partie : Le Lac. Les vidéos montrent les éléments primordiaux (l’eau, la fumée, les nuages, les oiseaux, la forêt, l’architecture, une usine…) qui sont en tension permanente les uns par rapport aux autres. Les paysages, souvent d’une grande noirceur, sont à la fois hyperréalistes et hyper-artificiels. Ils nous confrontent à la virtualité du monde, que l’on sent proche du basculement et qui, peut-être, n’est plus qu’une simulation ou une construction folle.

10.11.21 – 06.03.22
Aix-en-Provence

Retour sur dix ans de pratique et d’expérimentations audiovisuelles