Depuis sa première édition en 2018, avec le Québec comme invité d’honneur, la Biennale des Imaginaires Numériques cultive un partenariat précieux avec la Délégation Générale du Québec à Paris et avec le Conseil des arts et des lettres du Québec. Un partenariat appuyé cette année encore, par l’accueil de la Vitrine Québécoise pour cette quatrième édition de la Biennale.
Ce lien privilégié a permis de renforcer les échanges avec la scène artistique québécoise, dynamique et avant-gardiste, et a donné naissance en 2023 à une résidence croisée en partenariat avec Les Productions Recto-Verso, producteur du Mois Multi festival international d’arts multidisciplinaires et électroniques à Québec.
Chaque année, ce programme offre à un·e commissaire ou artiste québécois·e en arts numériques un temps de recherche à Marseille, tandis qu’un·e artiste français·e explore de nouvelles perspectives à Québec.
Accueilli en résidence chez CHRONIQUES, à la Friche la Belle de Mai (Marseille, France) de janvier à mars 2025
Artiste d’origine colombienne établi à Chicoutimi (QC, Canada) depuis 2011. Diplômé de l’Université Los Andes à Bogota et titulaire d’un Master en arts de l’Université du Québec à Chicoutimi, Paolo Almario explore à travers ses œuvres des tensions entre identité, migration et géopolitique. Ses créations ont été exposées dans plusieurs pays, dont le Canada, la Belgique, le Maroc, la France et la Thaïlande, et ont été reconnues par le Prix du Conseil des arts et des lettres du Québec : Créateur de l’année au Saguenay-Lac-Saint-Jean en 2018. En 2015, Paolo Almario a obtenu le statut de réfugié au Canada, et en 2022, il est devenu citoyen canadien.
En parallèle, Paolo Almario enseigne les arts numériques à l’Université du Québec à Chicoutimi. Il est cofondateur d’Ubchihica, seul centre de recherche et de création en arts numériques au Saguenay-Lac-Saint-Jean, et il préside le Conseil des arts de la Ville de Saguenay.
Paolo Almario utilise les technologies numériques pour créer des installations interactives qui interrogent des thèmes identitaires, scientifiques et/ou sociopolitiques. En alliant art et robotique, il conçoit des dispositifs qui confrontent les spectateurs aux tensions entre contrôle et liberté, en écho à son propre vécu de migration et d’exil.
Almario aborde fréquemment des thèmes critiques et engagés, en résonance avec le contexte socio-politique de son pays d’origine. À travers son art, il se positionne comme un acteur social, profondément influencé par le cadre culturel, social et politique qui l’entoure. Par sa pratique, il envisage de révéler de manière poétique et métaphorique la complexité potentiellement destructrice des structures politiques, incitant ainsi à une réflexion sur celle du territoire où son travail est présenté.
« Les Lignes Fracturées est un projet de recherche ciblant la création d’une ou plusieurs installations interactives. Celles-ci seront composées de barrières virtuelles ou réelles automatisées évoquant des limites géopolitiques ainsi que les systèmes qui les régissent. Inspirées par mon expérience personnelle en tant que réfugié, ces œuvres exploreront les obstacles perceptibles et imperceptibles qui façonnent les trajectoires des personnes déplacées, contraignant leur liberté de mouvement et modulant leur rapport à l’espace.
Ces barrières réactives seront des systèmes de contrôle complexes alliant surveillance, vidéo-projection et des éléments électromécaniques afin de moduler le passage et les trajectoires des spectateurs. Elles interrogeront les dynamiques de pouvoir, d’exclusion et de contrôle qui définissent souvent l’expérience migratoire. Pensées pour des espaces publics ou des galeries, ces installations inviteront à une réflexion sur la matérialité des frontières et leur impact émotionnel, social et politique.
Des recherches conceptuelles, sur les matériaux et le comportement des dispositifs seront réalisées pendant la résidence, permettant d’expérimenter pleinement les potentialités du projet. »
Paolo Almario
Accueillie en résidence aux Productions Recto-Verso (Québec) de janvier à février 2025
Maureen Béguin – Morin (she/they) performe des fictions où le corps comme la technologie seraient en proie au même problème : la surchauffe liée au réchauffement climatique.
Artiste plasticienne et performeuse, franco-irlandaise, elle browse et récolte des données spatiales et virtuelles afin de proposer des performances in situ transdisciplinaires.
Browsing — C’est ainsi qu’elle nomme sa pratique protéiforme, qui mélange travail de corpsperformance, vidéo, scénographies, 3D et transes sur les réseaux internet. Elle se balade entre les monde(s) réel(s) et numériques : traverse des onglets et des fenêtres virtuelles qu’elle connecte à ses muscles et à sa parole dans des galeries d’art contemporain, des théâtres et des lieux non institutionnels pour y transmettre des histoires.
Née dans l’avènement du numérique comme solution à tout obstacle, elle se transforme en 2015 dans le personnage de Maureen Morin, une médiatrice et designeuse excentrique qui créer des visites guidées sensorielles pour dénoncer le capitalisme colonial technologique et ses data centers assoiffés de nos données. Les propos tenus par l’artiste portent une gravité certaine, pourtant ils ne se complaisent pas dans une forme moralisatrice. C’est l’émotion et l’humour qui communiquent à ses yeux le mieux les intentions militantes.
En 2021, elle créer un projet vernaculaire « Motherboards » où découle de nombreuses performances théâtrales et expérimentales. C’est une carte-mère avec comme cœur la date du 1er janvier 2050 — un marqueur clef dans les rapports du GIEC : ne pas dépasser 2 ° degrés Celsius pour un monde viable.
Pour l’année 2025, Maureen fera de multiples mises à jours de Motherboards dans des lieux tels que le Centre Wallonie Bruxelles et le Doc ! (Paris, France), à Buda Kunstencentrum (Courtrai, Belgique) et lors du Moi-Multi à Québec au Canada où elle est accueillie en résidence les mois de janvier et février avec le soutien de CHRONIQUES.